Chemin des Chartreux
La D520D remonte les gorges du Guiers Mort de Saint-Laurent du Pont à Saint-Pierre de Chartreuse. Certains passages, notamment vers le haut du trajet, permettent à l’automobiliste pressé de suspecter que la réalisation du tracé n’a pas été de tout repos pour les chantiers qui se sont succédés.
Il faut s’imaginer qu’aux débuts de l’ordre chartreux, il n’était pas question de route ou même chemin, mais d’un sentier réservé aux montagnards aguerris, en raison de passages vertigineux que peu acceptaient de franchir.
Il en subsiste quelques vestiges, notamment à Fourvoirie et après le pont Saint-Bruno.
A Fourvoirie, le passage des voûtes contrôlait l’entrée vers le Désert de Chartreuse côté Saint-Laurent du Désert – dénomination de l’époque. A cet endroit le chemin franchissait une porte, fermée tous les soirs et contrôlée par un gardien. Il s’agissait d’une amélioration du sentier originel, le « chemin de la galère », qui remontait à la sortie de Saint-Laurent par la route de la chartreuse de Currière avant de redescendre à hauteur du pont Saint-Bruno.
Une porte équivalente contrôlait l’accès côté Sappey, au lieu-dit « Grand Logis », peu après La Diat. Y subsistent les ponts et un bâti. L’accès au monastère était ainsi strictement gardé.
Au niveau du pont Saint-Bruno il est encore possible, en suivant le parcours de pêche (balisage poisson bleu), de redescendre vers la rivière et de marcher sur les traces du chemin historique. Le sentier changeait de rive au niveau du Pont Peirant, après avoir franchi le torrent de la Petite Vache par le pont du même nom (aujourd’hui détruit, seuls sont visibles les soubassements) pour remonter ensuite sous le pic de l’Oeillette et poursuivre au dessus des tunnels de la partie supérieure de la route.
Depuis le pont Peirant on apercoit un rocher couché au dessus du torrent, pont naturel dont la partie supérieure est pourvue de marches taillées, et sécurisée par une main courante scellée dans la roche. Il s’agit du moyen de franchissement primitif, mentionné à partir du XIe, remplacé par la suite par le pont de maçonnerie.
Les bâtiments visibles en rive droite à Fourvoirie sont d’anciennes forges chartreuses, réputées à l’époque pour la qualité de leur acier. Plus récents, les bâtiments situés en contrebas, en bord de route, sont les vestiges de la distillerie détruite par un glissement de terrain en 1935. Cet épisode a conduit au déménagement à Voiron dans les locaux actuels.
Pour aller plus loin :
- Si vous vous intéressez à l’histoire de ce coin de Chartreuse : Le Guiers Mort – Patrimoine culturel (Thibaud Wyon, 2004 – Institut de Géologie Alpine).
- Cartes et iconographie : Photos et gravures d’époque (JL Nègre)