Col de l’Alpe
Il n’y a pas réellement de saison pour cette randonnée intemporelle, qui est pour moi l’une des plus belles sorties en Chartreuse.
Tentez simplement d’y aller par temps dégagé, il serait dommage de se priver du panorama qui se dévoile au fur et à mesure de l’ascension vers l’alpage. Vous pourrez là-haut observer la Chartreuse d’un point de vue priviliégié, avec le Granier comme référence proche. Un pied dans le royaume de France, l’autre dans le duché de Savoie, vous vous promènerez également dans l’histoire, le long de très belles bornes frontières frappées du lys de France sur une face et de la croix de Savoie sur l’autre.
Champs de neige peu avant Sainte-Marie-du-Mont.
Selon la saison, vous pourrez accéder depuis la localité de Sainte-Marie-du-Mont au parking de Pré Orcel, ou bien laisser votre véhicule au village lorsque l’enneigement rend les cinq kilomètres de piste forestière impraticables. Dans ce dernier cas, rajoutez une grosse heure de marche pour rejoindre le Pré Orcel.
Si vous recontrez des conditions d’enneigement telles que celles de cette fin janvier 2004, ce sera le terminus voiture. Skis ou raquettes aux pieds, sus à l’Alpe !
Avant d’arriver au Pré Orcel, départ de la rando à la belle saison, vous devrez couvrir l’équivalent en dénivellation de 5 km de piste forestière. Très bon échauffement…
Le sentier part dès lors clairement à l’assaut des falaises situées sous l’Alpe. Vous vous laisserez guider par le chemin en sous-bois, en lui faisant confiance pour vous hisser en haut des falaises qui se dessinent de plus en plus précisément. Peu après la cabane de l’Allier, le sentier se rapproche de la base des falaises (rochers de Belles Ombres) pour ne plus quitter le milieu vertical. Passant sous d’impressionnant surplombs érodés, se rétablissant en quelques lacets, le but n’est désormais plus loin. Profitez des très belles vues qui se dégagent sur le Grésivaudan, Belledonne, les Bauges et plus loin, Annecy et le Mont-Blanc.
La pente est encore douce, il faut en profiter…
L’arrivée à l’Alpe est magique. Quittant l’abime, le sentier vous dépose à l’entrée de l’alpage. Le sommet est proche, la croix de l’Alpe le matérialise, à portée de main. Après un dernier effort, vous serez récompensé par la plénitude que procure la contemplation d’un paysage pastoral encore préservé.
Une fois remis de vos émotions, tentez de mettre un nom sur les sommets cartusiens visibles depuis ce point d’observation privilégié. Côté Chartreuse, vous cotoyez le Mont Granier. Vous pouvez décider de descendre au fond du vallon de Pratcel vers les hauteurs du Cirque de Saint-Même, ou bien vous laisser glisser jusqu’au chalet de l’Alpe en contrebas.
D’après les indications portées sur le panneau explicatif, l’origine éthymologique du nom Orcel s’explique par la présence passée d’ours dans ce lieu. Des traces d’occupation préhistorique ont également été relevées.
Pour varier, la descente peut se faire par le col de Belles Ombres, plus au nord.
Cette randonnée se fait sur le territoire de la Réserve des Hauts Plateaux de Chartreuse. Une réglementation particulièrement restrictive s’applique (Entre autres : pas de chiens, même en laisse).
J’ai eu la chance de refaire cette rando en hiver après l’avoir découverte au printemps. La beauté du lieu ignore les saisons : tapis de crocus à perte de vue aux beaux jours, immensités blanchies en hiver. Les photos ont été prises fin janvier, avec quatre-vingt centimètres de poudreuse vierge tombée sur le massif en fin de semaine : le surcroît d’effort payé à la montée en raquettes fut largement récompensé par le plaisir des yeux.
Il ne s’agit pas d’une aberration géographique : l’allier est le nom d’une variété d’arbre.
Les nuées visibles au dessus de la falaise ne sont pas des nuages mais de la neige balayée par le vent violent qui soufflait ce jour-là.