Singles
On ne vient ou ne passe à Singles par hasard. Pour y accéder, il faut quitter la route nationale de Tauves à Lanobre, et se glisser par les chemins agricoles menant aux villages de Confolent ou Larrode. Le village a été construit sur un promontoire au dessus de la Burande, affluent de la très proche Dordogne.
Ce village perdu était même pouvu d’une gare, sur la ligne de Bort-les-Orgues à Monestier-Merlines. Tout fut englouti lors de la mise en eau du barrage de Bort en 1951. Au confins du Puy de Dôme et de la Corrèze, ce petit coin de nature offre un charme authentique, n’ayant pas encore été affecté par les marques de la civilisation urbaine.
Le plaisir de voir encore de vieux panneaux Michelin en lave émaillée… Tel ce panneau usé par le temps, incliné mais toujours debout, qui indique la direction de la grande ville la plus proche, Ussel, qui se trouve maintenant relégué sur un chemin vicinal, autrefois voie de circulation principale de Tauves à Ussel. Quel conducteur accepterait encore ces petites routes où il faut chevaucher franchement la bas-côté, voire manoeuvrer pour croiser une autre voiture ? Il est plus rapide d’emprunter le grand pont que de descendre vers la Burande par cet itinéraire qui vit pourtant en d’autres temps défiler tout le trafic du pays.
De retour de voyage, cherchant des renseignements sur l’origine du village, ma surprise fut grande de tomber sur un tragique épisode de la Résistance locale, qui coûta la vie au maire du village, Léger Fouris. Un fermier, Ernest Guillaume, fut également la victime de l’occupant allemand ce funeste 13 octobre 1943. Je vous indique le lien vers le site de Thibault Fouris, un descendant de la famille, qui a réalisé un travail très documenté sur cette difficile journée, ainsi que sur l’histoire de la Résistance dans la région de Singles.
On sait l’histoire de la Résistance tragique, à travers les grands épisodes des Glières, du Vercors, de Caluire, etc… Mais je trouve que le témoignage laissé par ces presqu’anonymes, en tout cas gens ordinaires, porte en lui la force du devoir accompli dans la simplicité, à l’écart de tout grand plan de coordination. Je pense que l’on touche là à l’essence même de la résistance. Résistance réflex, culturelle, difficilement parable.
Une fois passé la Dordogne au Pont d’Arpiat, la route remonte des gorges vers le plateau de Confolent.
Notes : Photos 2×3 : Pentax K5 17-70 f4 / 4×3 : Galaxy S3