Prairie de Darbounouse *
A tous ceux qui ont pratiqué le GR91 l’été, je recommande de revenir l’hiver en skis de randonnée ou en raquettes ; vous emprunterez le même sentier en faisant pourtant une toute autre randonnée : les paysages nordiques et le froid piquant vous transporteront bien loin des souvenirs de l’été. La seule contrainte est de ne pas quitter le GR91, entretien des pistes du domaine nordique de Corrençon oblige. Abandonnez votre véhicule sur le parking du golf de Corrençon.
Un but raisonnable pour une randonnée à la journée peut être la prairie de Darbounouse, située à 8 km au sud, dans la réserve naturelle des Hauts Plateaux du Vercors (attention, les chiens sont interdits même en laisse).
Le genre de photo qui coûte par -20°C : quelques secondes pour enlever ses gants, une minute pour la photo, dix minutes pour se réchauffer les mains gelées par le froid mordant (dur d’appuyer sur le déclencheur avec les gants …).
Vous cheminerez au départ parmi les pistes de fond, sur le terrain de golf, avec en toile de fond la chaine de crêtes est du Vercors, dominée par les sommets de la Grande et Petite Moucherolle, et la Tête des Chaudières. Peu à peu, le sentier pénètre en forêt, après avoir quitté le Champ de la Bataille. Après avoir passé le 45e parallèle, matérialisé par un petit monument, la forêt ne vous quitte plus. Vous êtes au coeur de la forêt, et le silence est total.
Après être resté longtemps en forêt, le GR vous ouvre un peu l’horizon en vous conduisant dans cette petite prairie. Une source coule un peu plus loin, de manière intermittente. Le coin est réputé pour son absence de ravitaillement en eau l’été.
Vous pourrez vous accorder un peu de repos à la cabanne de Carette, du nom de la (petite) prairie qui l’entoure. Puis le sentier retourne sous le couvert. Après une petite heure de cheminement en montagne russe (eh oui, on a beau être sur un plateau, vos mollets seront tout de même sollicités), une descente s’amorce et un panorama se dévoile peu à peu sur l’immense prairie de Darbounouse.
Ce grand espace a joué un rôle dans l’épisode de la Résistance en Vercors. C’est ici que se replia le camp C4 en 1943. A noter que la cabane de Carette a également abrité un camp, le C2.
La vaste prairie était toute désignée pour réceptionner les parachutages alliés. J’ai pu discuter avec un garde de la Réserve de ce volet de la bataille du Vercors, et apparemment la légende tendrait à l’emporter sur une réalité moins présentable : les containers de 2 mètres de long étaient parachutés sur la prairie, contenant armes et argent. Il était facile de distinguer ceux contenant l’armement de ceux contenant l’argent : les armes sont bien plus lourdes … De cette manière, des containers d’argent auraient disparu, en dehors de toute directive émanant des chefs locaux de la Résistance. Ce sujet est encore difficile à évoquer aujourd’hui. Il est pourtant probable que c’est cet épisode qui a contraint Alain Le Ray, chef militaire du Vercors, à démissionner « à la suite d’un parachutage confus sur le Vercors à Darbounouse ».