Valchevrière

L’histoire du petit village de Valchevrière ne se résume pas à sa fin brutale en 1944. Elle ne se limite pas non plus à un fait d’armes héroïque dans l’épisode de la Résistance en Vercors.

Ruines du village de Valchevrière
Ruines du village de Valchevrière

Valchevrière et sa forêt
Valchevrière et sa forêt

Au Moyen-Age, un prieuré s’est installé en ces lieux. Il dépendait de l’ordre de Saint-Antoine (cf Saint-Antoine l’Abbaye). Le hameau s’est progressivement au voisinage de ce prieuré. Le plus vieil acte notarial retrouvé porte la date du 18 juin 1523. La présence de chèvres sur les pentes du village expliquerait l’éthymologie du nom, Valchevrière. La vie est rude à Valchevrière, qui n’est relié aux villages voisins que par de mauvais sentiers : on accède à Saint-Julien-en-Vercors par le Pas du Fouillet à travers la forêt de Châlimont (cf Brèche de Châlimont). La Balme de Rencurel est accessible par le sentier qui franchit la Bourne au moulin de Basse Valette. Enfin le bourg voisin est le Villard de Lans, la grande ville du coin accessible par Bois Barbu.

 

La chapelle, unique rescapée
La chapelle, unique rescapée

Les Vâchorins vaquaient aux travaux de la ferme et de la forêt, qu’il fallait régulièrement repousser pour conserver l’emprise des pâturages. Ils étaient en cela aidés par les fameuses chèvres. Le village a vécu les péripéties de bien des petits villages : incendies dévastateurs et répétés, installation de l’école du village (1882), la construction du pont de Valchevrière sur la Bourne et l’arrivée de la route (1890). Le déclin du village s’amorce au début du XXe : en 1921, les derniers enfants quittent le village.

Le dernier épisode vient clôre brutalement l’histoire de Valchevrière. En juillet 44, le Allemands décident de réduire les forces du Vercors qui se manifestent de surcroît très ostensiblement : on n’hésite pas à narguer l’occupant en hissant le drapeau national à Saint-Nizier, visible de tout Grenoble. Le Vercors est donc pris d’assaut par le Nord via St-Nizier. Dans le même temps des troupes SS sont précipitées en planeur au sud sur Vassieux-en-Vercors. Elles vont brûler, détruire, tuer. L’épisode de Vassieux et le corollaire de la grotte de la Luire est certainement parmi les plus insoutenables de cette période.

 

La fontaine
La fontaine

Le but pour les troupes de St-Nizier est donc d’opérer la jonction avec le sud pour nettoyer toute trace de résistance en Vercors. Les ponts sur la Bourne étant détruits, le seul itinéraire est la petite route forestière qui passe par Bois Barbu pour redescendre sur Saint-Julien-en-Vercors. Sur cette route se trouve Valchevrière, surplombée par le belvédère. Les groupes de résistants rescapés de St-Nizier vont tenter un arrêt dans ce secteur, notemment sur le belvédère. Cet épisode est très connu, et relaté dans nombre d’ouvrages relatifs à la résistance en Vercors. Très inférieurs en nombre et armement, les hommes du lieutenant Chabal, submergés par les Allemands qui les ont contourné par les dessus, vont se sacrifier en tirant jusqu’au bout. En représailles les Allemands détruisent le village, à l’exception de la chapelle qui semble aujourd’hui veiller ce cimetière de ruines.

 

Le four du village
Le four du village

Un chemin de croix a été construit après-guerre pour commémorer non seulement cette bataille, mais également les exécutions de Villard, Autrans, Méaudre, Lans, Bois-Barbu, ainsi que les fusillés du cours Berriat (Grenoble).

La visite des ruines de Valchevrière est émouvante. L’intimité des maisons est dévoilée, on peut deviner la destination de telle habitation. Les lauzes plantées en terre bordent encore le chemin qui descend vers la chapelle, seule rescapée.

(Sources : exposition de la maison du patrimoine de Villard-de-Lans, été 2004)